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les carnets de violette
8 janvier 2011

De Muang Sing a Luang Prabang : a pied, en bus ou en bateau...

Sabadee Pimai (bonne annee) a toutes et a tous !

Pardon pour cette absence de nouvelles : mon debut d annee  s est deroule bien loin des villes...

Apres Muang Sing, j ai attrape un bus pour Udomxai, ville colonisee par les chinois qui y sont loges : chauffeurs, employes a la construction des infrastructures... Pour y arriver il m a fallu affronter 2 heures de bus cahin caha a decoller des sieges a chaque bosse, puis 6 heures dans un autre bus : arrivee in extremis, j ai juste eu le temps de sauter dedans -il etait deja en marche. J ai donc ecope d une place sur un tabouret en plastique face au soufflet de la porte, pieds sur des sacs de riz, sac a dos baignant dans une fuite de gazoil et cheich autour du nez pour cause de route defoncee amenant des nuages de poussiere blanche partout autour de nous. Difficile de ne pas perdre l equilibre dans ces routes montagneuses, un tabouret en plastique etant evidemment moins stable qu un fauteuil rivete au plancher :) Je me suis donc egalement retrouvee preposee a la porte, capricieuse demoiselle aimant s ouvrir aux moments les moins opportuns ! Apres une nuit dans un hotel chinois miteux - murs crasseux et coupures d eau- , j ai pris le lendemain un autre bus cahotant jusqu a Niong Khiaw, le long de la riviere Nam Ou, havre de verdure entre de spectaculaires montagnes couvertes de foret tropicale. J y ai rencontre une bande de gars logeant a la meme enseigne que moi (Chez Lin Tong, ici on parle francais : de petits bungalows a un prix defiant toute concurrence), avec qui j ai passe un nouvel An assez international : entre Israel, Finlande, Canada, Etats Unis, Laos et France  ca a plutot bien marche. Nous nous sommes invites dans une fete Lao ou on a danse sur le meme tube pop toute la soireee, mais qu importe, la joie etait la... Pour le repas, on a ete convies a un pique nique Lao a base de chevre crue -tuee du matin- et lao lao (whisky de riz). Inutile de dire que comme prevu j ai mis mon vegetarisme de cote depuis un moment !

Je suis ensuite partie en compagnie de Damon (from Arizona) pour Muang Ngoi, une heure en amont : accessible uniquement en bateau, 4 heures d electricite par jour et une paix totale... Damon et moi avons forme une bonne petite equipe pendant quelques jours, et on a decide de partir en trek tous seuls comme des grands. C est une des decouvertes de ce voyage pour moi : quel bonheur de partir sac au dos vers des coins perdus ! Je ne m en lasse plus... Faisant fi des guides et des agences de trek fleurissant a chaque coin de rue, on a pris une vague photo de la carte des villages du coin, de la flotte, une bonne provision de sticky rice (riz gluant, specialite Lao) et en route ! Au bout de 6-7 bonnes heures de marche a travers forets luxuriantes, bambouseraies, champs de riz, montagnes, tout ca en pleine solitude, on a atteint un petit village Hmong ou on a passe la nuit sur une paillasse de bambou ( au rythme Lao : couches a 7h, leves a  5 dans le chaos des villages qui s eveillent). Nam Tha : un groupement de huttes de bambou au sol de terre battue, une nuee d enfant crasseux, morveux, depenailles mais aux sourires francs, animaux -cochons, poules, coqs et chiens- vaquant a leurs occupations, une unique source pour tout le village situee en contrebas et accessible par un chemin boueux. Tabourets au ras du sol debites d une seule piece dans des troncs. Les enfants deterrent des pousses de bambou et les emincent avec des machettes aussi grandes qu eux. Damon apprend a jouer a la toupie locale pendant que je cree un attroupement autour de mon carnet dans lequel des doigts poisseux et noirs de poussiere pointent mes dessins : oooh ! La toupie ! Aaaah ! Mes boucles d oreille ! Heee ! Des hieroglyphes incomprehensibles ! Au coin d une hutte, un tronc d arbre semble etre le seule endroit du village ou les portables passent et quelques jeunes, fringants comme s ils etaient en ville malgre l isolement total, s y succedent. Pas d electricite. Au coin de notre hutte, des pipes a eau en bambou glougloutent tard dans la nuit : opium ? Tabac ? La region et la reputation du village nous poussent a opter pour la premiere solution, mais nous ne poserons pas la question. Retour le lendemain, une quarantaine de bornes dans les pattes, le T shirt et les sandales imprimes en negatif sur la peau, fourbus mais heureux...

Mon depart pour Luang Prabang s est fait hier : j ai enfin pu jouer mon role de la Mapuche sur le Mekong (comprenne qui m a donne ce surnom...) en ralliant la ville par bateau. Si on oublie un peu la durete de la planche sur laquelle on est assis 8 h de suite les jambes pliees, c est un vrai voyage en soi. Le long du fleuve defilent les scenes de la vie quotidienne le long de la Nam Ou puis du Mekong... Femmes en sarong (longe jupe faite d une seule piece de tissu de coton ou de soie, portee a la taille ou remontee sur la poitrine pour se laver, habit traditionnel porte par 99% des laotiennes) dans l eau jusqu a la taille, chapeau de bambou triangulaire sur la tete, occupees a laver le linge. Groupes d enfants nus pechant des algues, masque de plongee sur le nez. Hommes en slip et T shirt perches sur leurs freles barques, relevant leurs filets. Bateaux remontant le courant a grand renfort de petarade, charges de cartons et de cabas a destination de quelque village isole. Nasses de bambou remontees sur les rives. Jardins soigneusement entretenus ou le vert des salades et des herbes explose sur le brun argileux du limon. Chercheurs d or sur leurs cahutes flottantes, examinant les tamis dans le vacarme des moteurs qui remontent le sable a la surface. Villages a peine perceptibles derriere les heuts arbres... Arrivee a Luang Prabang au coucher du soleil...

Je retrouve mon independance, qui malgre l agreable compagnie de tous ces voyageurs commencait a me manquer. Depart lundi ou mardi pour Vientiane ou je dois obtenir mon visa pour le Vietnam, et un petit detour par le centre du pays pour finir. Faute de temps, je ne pourrai pas voir le Sud bien que l envie n en manque pas : l agreable indolence laotienne a plus que du charme. J aimerais pouvoir tirer sur ces trois mois qui m avaient sembles un peu longs au debut, les allonger comme ces galettes de riz cuites a la braise et dont le centre, fondant et elastique, forme de longues echarpes blanches quand on tire dessus...

A suivre...

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Commentaires
D
En plus notre Vio internationale, elle va même pas attraper la grosse tête en lisant tous ces compliments dithyrambiques. Non non non. Pas du tout.<br /> Elle va juste devenir encore plus sage : )<br /> Merci de tout ce que tu donnes, tu es une sacrée medium !
C
Waaa... toujours superbement tournées tes descriptions... authentiques, vivantes, respirantes... c'est génial de voir que ça te rend si heureuse :)<br /> des gros bisous <br /> Feliz año a vos tambien !
M
Oh là là !!! Trop beau, trop beau ... ! Mes yeux s'ouvrent un peu plus grands à chaque phrase, je ralentis le rythme de lecture, je déguste, je relis, je retarde la fin avec ce même sentiment que tu commences à avoir : "que ça dure encore, encore un peu, s'il vous plaît!" Belle écriture, riche et vibrante, colorée, sonore : on y est tellement!<br /> C'est bien, les choix de profondeur que tu fais. Quand tu quitteras le Laos tu n'en auras vu qu'une partie mais quelle partie! Quelle force dans l'émotion quand on plonge comme ça au coeur des vies, au coeur des paysages, irremplaçable! Et puis tu reviendras, plus tard... je t'embrasse très fort
C
ViOoOo** !! quel plaisir de te lire... <br /> <br /> Du bateau, des bus, du vert, du jaune, des enfants, de la nature, des villages, des bruits, des plats bizarres... RRAaAaaH ! CIEL QUE J'AIME QUAND TU NOUS PIKOUZz DU VOYAGE EN INTRAVEINEUSE DU BONHEUR ! <br /> <br /> Et ce p'tit arizonien, 'va falloir que tu nous le présentes, hein ! Invite-le à manger à la maison, qu'on le rencontre :) Hahahaa !! <br /> <br /> Et "chaltumai" Bio*biOo (c'est du mapundungun du Mekong) !! Gros bisoOous
D
C'est moi la première !! en tout cas dans cette maison où l'une vient de sombrer dans une sieste réparatrice vu l'heure matinale du lever et l'autre n'a pas encore ouvert l'oeil vu l'heure tardive du coucher.<br /> Oui c'est moi la première à lire tes lignes, à partir dans les montagnes du Laos, à me promener au soleil couchant de Luang Prabang, à revivre le rythme tranquille du Laos.<br /> Je fais plus que me délecter de tes récits. Ils sont des bouffées d'oxygène et certainement aussi, s'il en était besoin, ils me disent que j'ai envie d'y retourner pour un long voyage comme le tien.<br /> Je me suis précipitée pour le commentaire mais maintenant je vais prendre mon temps pour suivre tes trajets sur google map et rêver encore.<br /> A bientôt pour te lire.<br /> Do
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  • Observer, dessiner, écrire, voyager : voilà ce qui anime Violette Gentilleau, artiste polyvalente, curieuse et passionnée diplômée des Arts Décos. Visitez également son site violettegentilleau.com pour visionner plus de projets !
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