Sawadee !
Je suis au Laos depuis une petite semaine. La Thailande me semble loin derriere deja et je me sens bien dans ce Laos rural et tranquille. La ville (2000 habitants) ou je me trouve est situee au carrefour entre Chine et Birmanie et est le point de renconte des multiples ethnies montagnardes environnantes qui se mixent au morning market : Akha, Hmong, Mien... Du fait de cette proximite, on se croirait presque deja au Yunnan et j experimente pour la premiere fois windows en chinois, ca donne quelques tatonnements mais je m en sors pas mal.
Je suis venue ici pour un nouvel eco-trek ( Le Laos en a ete le pionnier), commence encore une fois des le lendemain de mon arrivee avec comme compagnons un couple quebecois adorable (Caroooo j ai pense a toi !). Niveau plus haut cette fois-ci, avec une bonne cinquantaine de km en trois jours et plus de 1000 m de denivele dans les pattes faits en mode up-up, down-down, up-up, down-down : du bon 6-7 heures de marche par jour ! Encore une fois, merci pile-poil (mon bien aime velo), je fais ca sans gros effort et je me regale... Champs de riz et de canne a sucre, buffles dans le brouillard matinal, villages Akha isoles dans la montagne, vues plongeantes sur les pays voisins, sentiers a flanc de montagne, lever de soleil sur une mer de nuages. Je me sens d humeur a partir decouvrir le monde armee de mon baton de bambou et de mes pompes de rando boueuses...
Le soir du 25 decembre, nous avons la chance de passer la nuit dans un village Akha qui fete le Nouvel An, la plus grosse fete de l anne. On nous nourrit sans repit de sticky rice (riz collant, specialite Lao), de buffle fraichement sacrifie parfois cru, parfois cuit : dans la penombre des huttes c est la surprise a chaque nouveau plat, mais heureusement les planchers de bambous peuvent laisser passer les bouchees trop dures a avaler. On nous abreuve de biere et de laolao, la gnole locale. Tout se boit cul sec et comme pour le the en Afrique de l Ouest, il n y a que 2 verres qu on fait tourner : pas question de s apesantir sur le sien ! Les femmes sont parees de leurs coiffes d argent et les hommes s enivrent a n en plus finir tandis que les enfants courent partout et font resonner sur un tronc de gros bambous pour souhaiter bonheur et chance. Les jeunes dansent ensemble dans de grands mouvements collectifs. La biere coule a flot et je me rememore la piste que nous avons empruntee jusqu ici, dans ce village auquel seules les motos peuvent acceder : combien de voyages pour cette soiree ?
A la tombee de la nuit, 2 faibles ampoules alimentees par un antideluvien groupe electrogene chinois viennent eclairer la place du village et une sono saturee sur laquelle les discours des chefs voisins se succedent laisse place aux chants traditionnels des hommes, que nous avons demande a entendre lors d un enieme repas : les convives emeches se sont alors degrises et nous ont offert un moment hors du temps. Assis sur une natte en plastique, ils ont ouvert une faille hors des scooters Honda, hors de la Beer Lao et des chemises de contrefacon, jusqu a une identite culturelle riche et profonde que nous voyons chaque jour sombrer un peu plus. Les voix criardes se sont tues, se sont faites profondes et modulees et ont raconte cette fete, les invites, les amis. Nous aussi peut etre.
A suivre...